Abrégé de l’Histoire de Pologne et du Grand Duché de Lithuanie

[Ir] [p.0] Abrégé de l’Histoire de Pologne et du Grand Duché de Lithuanie.

Mise par écrit en 1772. Par Mr : de B :

[p.1] On partage l’Histoire de Pologne en quatre11 ms. quatres. Periodes. La prèmiere Periode contient ce qui s’est passé avant les Piastes.

La 2.de – sous les Piastes,

La 3me – sous les Jagellons,

La 4me sous des Rois des Maisons diffèrentes.

Prèmier[e]22 ms. Prèmier. Periode.

Monsieur Lengnich, Syndic de la Ville de Danzic, derive les Polonois d’un Peuple qu’on appelloit les Lazcs qui demeuroient au Pont Euxin, dont les Successeurs furent appellés33 ms. appellées. Polazii. Mr : Hartknoch les derive d’un peuple nommé Bulani Sarma [p.2] tes de Nation, qui habitoient les environs de la Vistule.

Les autres dérivent Polonois de Pole* *= 'champ' en polonais, un champ uni.

Les Polonois dérivent leur[s]44 ms. leur. Rois d’un certain Lech qui doit avoir conquis la Pologne avec les Slaves au milieu du Sixième Siècle.

Slava veut dire gloire et en consequence le nom de Slaves vouloit marquer autant qu’une nation fort célébre, et qui cherchoit la Gloire. Enfin comme il y en eû[t]55 ms.. tant de cette nation, qui furent vainqû[s]66 ms. vainqû. et auxquels77 ms. auxquelles. il falloit subir le joug de la servitude, on a pris le nom [p.3] des Slaves pour des Serfs /:Leibeigner:/

Après que la race de Lech fut èteinte, on a conferé la Regeance à Douze Palatins, et après à un, nommé Craco* *en polonais 'Krak', prince légendaire de Cracovie, qui doit avoir bâti la Ville de Cracovie. Après l’extintion de sa ligné[e]88 ms. ligné. masculine, la Princesse Venda fut la dernière de cette race. On pretend qu’elle ait été fort belle, et qu’après avoir longtems soutennûe des guerres contre son Amant Rudiger, Prince des Vandales, elle se soit enfin jetté par desespoir dans la Vistule, où, à ce qu’on prètend, elle s’est noyée.

[p.4] Après l’extinction de la race de Lecho, on a de nouveau confié la regeance à Douze Palatins jusqu’à ce qu’un Orfévre, homme d’esprit et entreprennant, nommé Premislas, obtint par un Stratagéme de guerre la Couronne et le nom de Lesco 1.er

Son Stratagéme fut de faire des Casquets de l’écorce d’arbre lesquels il argentoit avec de l’argent vif, et les mit ensuite sur des bâtons, faisant croire par là aux ennemis, qu’il y avoit beaucoup de Curassiers.

Son fils Lesco 2.ond fit, pour gagner le prix dans une course de chéveaux, cacher des pointes ai [p.5] gus dans le Sable, et fit bien ferrer le sien, ce qui, dans ce tems là, etoit encore bien rare. Popiel 1.er, fils de Lesco 3.me, fort méchant Prince, fut à ce qu’on pretend mangé des Souris.

Table de tous les Rois de Pologne jusqu’aujourd’hui.

Premierement les Rois avant les Piastes :

Lech Anno 550.

XII. Palatins

Craco 700.

Lech II.cond 728.

Vanda Reine 730.

[p.6] XII. Palatins 740.

Lesco 1.er 750.

Lesco II.cond 784.

Lesco III.me 800.

Popiel I.er 815.

Popiel II.cond 830.

Secondement sous les Piastes.

Piaste 840.

Ziemowit 861.

Lesco IV.me 892.

Ziemomysław 913.

Miecisław I.er 964.

Boleslas I.er le beliqueux 992.

declaré Roi par l’Empereur Otton 3.me l’an 1000.

Miecisław II.cond 1025.

Casimir I.er 1034.

Boleslas II.cond le hardi 1058.

[p.7] Perd le titre de Roi pour avoir tué Saint Stanislas, Evêque de Cracovie.

Uladislas Hermann 1.er 1082.

Frère du prècedent

Boleslas III. Krzywousty 1102.

Uladislas II.cond 1140.

Boleslas IV. crispus, tête crepû[e]99 ms. crepû.

frère du prècedent 1146.

Miecislas III.me Stary, le vieux,

frère de Boleslas IV. et Uladislas II. 1174.

Casimir II le juste 1178.

Frère de Boleslas, Uladislas et Miecislas

Lesco V. le blanc, biały 1194.

Boleslas V. le pudique 1226.

Lesco VI. le noir 1276.

Premislas Roi 1295.

Uladislas le petit 1296.

Wenceslas, Roi de Boheme 1300.

[p.8] et de Pologne, son Epous[e]1010 ms. Epous. Rixe, fille du Roi Premislas.

Uladislas le petit, Lokietek 1306.

Casimir III.me le grand et le dernier de la race des Piastes 1333.

Louis, fils d’Elisabeth, fille d’Uladislas le petit,

et de Charles Robert, Roi d’Hongrie 1370.

Troisiemement les Rois Jagellons.

Uladislas II. Jagello 1386.

Uladislas III.me, Roi d’Hongri[e]1111 ms. Hongri. 1434.

Casimir IV., son frère 1447.

Frères :

Jean Albert 1492.

Alexandre 1501.

Sigismond Auguste 1507.

Quatrièmement les Rois des Maisons diffèrentes.

Henry de Valois 1574.

[p.9] Etiènne Batori 1576.

Sigismond 3.me, Roi de Suède 1587.

Frères :

Uladislas IV. 1632.

Jean Casimir 1648.

Michel Korybut Wisniowiecki 1669.

Jean III.me Sobieski 1674.

Auguste II.me 1697.

Auguste III.me 1733.

Stanislas Auguste 1764.

Piaste en 840.

Habitant de Cruswick. On appelle en souvenir de sa race tous les Rois Polonais de Nation, des Piastes. Le dernier de ses descendans, George Guilleaume, Duc de Liegnicz, Brieg et Wo[p. 10]lau, est mort à l’âge de 15. ans, l’an 1675.

Miecislas 1.er 964.

Le premier Roi Chretien. On pretend qu’il ait été aveugle jusqu’à l’âge de 7. ans.

Boleslas 1er le beliqueux 992.

declaré Roi de Pologne par l’Empereur Otton 3.me, l’an 1000.

Casimir 1.er 1034.

Il étoit Moine dans l’ordre des Benedictins en France. Le Pape consentit à son élection à condition que tant lui que tous ses Sujets auroient : 1.) les têtes rasées, 2.) qu’ils porteroient des habits longs, comme les Benedictins de Clugny [p. 11] où le Roi avoit été Moine, 3.) que chaque famille donneroit par an un denier au Pape, ou deux mesures d’avoine.

Boleslas II.cond le hardi 1058.

Il perdit le tître de Roi pour avoir tué Saint Stanislas, Evêque de Cracovie. Il fut obligé de quitter le Throne et de s’enfuir dans un Couvent de Carnie /: in Raruthun :/, cepandant il obtint par l’entremise des Empereurs Romains pour lui et pour ses heritiers la Silesie. Le dernier de sa race mourut 1675., comme nous l’avons marqué ci dessus.

[p.12] Boleslas Krzywousti 1102.

On pretend qu’il a gagné 47. batailles, enfin il en perdit une contre les Russes par la timi[d]ité1212 ms. timitité. du Palatin de Cracovie. C’est depuis ce temps que le Castellan de ce Palatinat précéde le Palatin. La bataille la plus fameuse qu’il eût gagné, fut celle qu’il gagna contre l’Empereur Henry V., pas loin de Breslau, dans une vaste plaine, où il y avoit une si grande quantité de tués que plusieurs restèrent sur le champ de bataille sans être enterrés, ce qui attira beaucoup de chiens affamés qui [p. 13] devoroient leur[s]1313 ms. leur. cadavres. C’est de là que cette plaine a été apellée ensuite /:Hundesfeld:/ ou champ des chiens. Il envoya à l’Empereur Henry V. Jean Skarbek. L’Empereur montra à cet Envoyé le trèsor qu’il avoit eû dessein d’employer contre le Roi, en cas qu’il ne se seroit pas accomodé. A quelle occasion on pretend que l’Envoyé lui avoit repondû qu’il vouloit ajouter de sa part et qu’après avoir oté sa bague, il l’avoit jetté au trèsor. Sur quoi l’Empereur avoit dit : « Soyez remercié ». [p. 14] Cette expression a fait depuis le Surnom de l’Envoyé et de ses descendans.

Casimir II. le juste 1178.

Il a fait plusieur[s]1414 ms. plusieur. bonnes Loix qu’il fit confirmer par le Pape Alexandre 3.me pour leur donner plus d’autorité auprès d’un peuple libre. On raporte de sa moderation l’exemple suivant. Il invita une fois un gentilhomme nommé Konarski au jeu, lequel jouant avec beaucoup de guignons, et se voyant outre cela turl[u]piné1515 ms. turlipiné. par le Roi, qui lui rit toujours au nez quand il perdoit, il s’oublia au point d’appliquer [p. 15] à son Roi un bon soufflet. La garde du Roi s’empressa dans l’instant pour le mettre en pièces, mais le Roi l’excusa, disant que c’étoit sa propre faute, y ayant donné occasion lui même.

Lesco V. le blanc 1194.

Pendant son regne les Palatinats de Culm, Kujavie et Masovie furent devastés par les Prussiens. Pour cette raison le Duc de Masovie, Conrade, invita l’ordre Teuthonique à son Secours afin qu’il1616 ms. ils. defendit ses frontières. On leur assigna en recompense, prèmièrement [p. 16] le district de Culm pour 20. ans et après pour jamais, l’an 1230., avec tout, dont il se rendroit maître en Prusse. On appelle les chevaliers qu’on a appellé au Secours, communement Chevaliers de Sainte Marie, ou aussi Chevaliers [de la]1717 ms. du. Croix.

Boleslas V. le pudique 1226.

Il est nommé ainsi, puisqu’il n’a pas véqû en mari avec la Reine son Epouse. Sous le regne de ce Prince foible, les Tartares ont percés jusqu’en Silesie, et ils y ont tués une si grande quantité de Chrètiens, qu’ils [p. 17] remplirent neuf grands1818 ms. grandes. Sacs d’oreilles des tués, n’en coupant qu’une à chaque mort dans l’action.

Lesco le noir en 1276.

Confia la regeance de Cracovie aux Allemands seuls1919 ms. seules., à cause de leur fidelité et attachement qu’ils avoient marqué dans une guerre pour le detroniser et pour mettre Conrade, Duc de Masovie, sur le Trone.

Premislas 1.er 1295. fut couronné par l’Arch[e]vêque2020 ms. Archvêque. de Gnesen. Mestvin, Duc de Pommeranie, étant mort sans Enfans et le Roi ayant [p. 18] été nommé son heritier, il lui succeda 1295. en Pomerelle. Il fit tuer sa femme, Soeur des Margraves de Brandebourg, en la soupçonnant d’adultère, ce qui porta les dits Margraves à le faire enlever de la ville de Rogoeno, criblé de blessures et ensuite assassiner.

Uladislas le petit en 1296.

fut obligé de quitter le trone après quatre ans de regne. Sa paresse et negligeance des affaires d’Etat en furent la cause.

Venceslas en 1300.

Roi de Bohéme et de Pologne par son mariage avec Rixe, [p. 19] fille du Roi Premislas. Pendant son regne, les Ducs de Silesie de la race de Piaste ont commencé à offrir leur[s]2121 ms. leur. Duchez en fiefs à lui comme Roi de Bohéme, le Duc d’Oppeln, Casimir fut de cette race, son prémier feudataire /:Ehre Mann:/ 1289., dont les autres Princes ont suivis l’exemple, quoique en des années diffèrentes.

Uladislas le petit en 1306.

Sous son regne les Margraves de Brandebourg ont fait une invasion en Pommerelle, et après qu’ils s’étoient rendûs maîtres de [p. 20] la Ville de Dansic, ils en assieg[e]oient2222 ms. assiegoient. le château. Le Roi appella l’ordre Teutonique au secours, qui sous condition que les fraix de la guerre lui seroient remboursés, envoya à la garnison du château des provisions et des Soldats, par où les Margraves furent obligés de lever le siège. Mais comme depuis le Roi refusoit de payer les fraix de la guerre, l’ordre Teutonique se mit en possession du Château de Dansic et de toute la Pommerelle, et paya aux Margraves de Brandebourg pour leur pretension, l’an 1311., [p. 21] dix mille Marcs d’argent.

Casimir 3.me le grand 1333.

A l’age de 29. ans, il nomma pour son heritier son Neveu de sa Soeur, Louis, Roi d’Hongrie. Il céda au Roi Jean de Bohème le droit Suzerain sur la Silesie, moyenant cette session, le Roi Jean renonça au tître de Roi de Pologne et à son droit à ce Royaume. Il acquis 1340. la Russie rouge après la mort du dernier Duc, et en fit un Palatinat. La Pologne lui est redévable de ses Loix et Tribunaux, il a fait donner plusieurs Privileges [p. 22] à la Nation Juive, à cause de sa Maîtresse laquelle fut de cette Nation.

Louis 1370.

Il partagea la Russie rouge entre des Hongrois, lesquels en furent chassés ensuite par Hedwige, Epouse d’Uladislas 1.er, il a diminué le cens nommé poradlne /:Huben Zins:/ à 2. gros de chaque arpent pour l’extension de la Succession au Sexe feminin.

[p. 23] Les Rois Jagellons.

Uladislas Jagello 1386.

Il avoit pour Epouse Hedwige, fille du Roi Louis, et promise à Guilleaume Archiduc d’Autriche, qui lui aporta en dote le Royaume de Pologne, il étoit Grand Duc de Lithuanie. Il prêta à l’Empereur et Roi d’Hongrie, Sigismond, sur la Starostie de Sips six cents mille gros de Prague. Il a institué l’Evêché de Vilna après avoir embrassé avec tous ses Sujets la Réligion Chrétienne. [p. 24] Anno 1404. il a fait la paix avec l’Ordre Teutonique, et il leur a payé pour racheter la Terre de Dobrzyn 40000. florins d’Hongrie. Ce payement a été l’origine des Diètinnes, qui n’ont été du commencement tenues que pour arranger les impôts.

Uladislas 3.me 1434.

Il a été couronné à Cracovie à l’age de dix ans. En l’an 1435 il a conclû une paix eternelle avec les Chevaliers de l’Ordre Teutonique. Elie et Etiènne, deux frères, le prèmier Prince de la Mol[p. 25]davie, et le second de la Valachie, ont prêtés Serment au Roi, en qualité de Vassaux. En 1444. il perdit près de Varna en Hongrie contre les Turcs la bataille et la vie.

Casimir IV.me 1447.

En l’an 1454. il a uni la Prusse à la Pologne. L’an 1457. il a acheté de Jean, Duc d’Oswieczyn, son Duché pour cinquante mille marcs en gros de Prague, dont 48. faisoient un2323 ms. une. marc.

Venceslas, Duc de Zator, auparavant Vas[s]al2424 ms. Vasal. du Roi [p. 26] de Bohéme, reconnû[t]2525 ms. le reconnû. volontairement le Roi Casimir pour son Suzerain. Le fils ainé du Roi, Uladislas, fut prèmierement élû Roi de Bohéme, et ensuite aussi Roi d’Hongrie. L’an 1478. les Moscovites ont enlevé aux Lithuaniens la Ville de Novogrod nommé la grande avec son territoir et peu après toute la Severie. L’an 1463. l’Evêque de Varmie quitant la dependance de l’Ordre Teutonique réconnû[t]2626 ms. réconnû. le Roi pour son Maître.

[p. 27] Jean Albert 1492.

Dans l’anné[e]2727 ms. anné. 1494. Jean, Duc de Zator, vend son Duché au Roi pour 80000. florins d’Hongrie. Frèderi[c]2828 ms. Frèderique., Duc de Saxe, Grand Maître de l’Ordre Teutonique en Prusse, réfuse de prêter serment au Roi. Alexandre, frère du Roi prècedent, 1501. avoit pour Epouse Heléne, fille du Grand Duc de Masovie, qui ne fut pas couronné[e]2929 ms. couronné., puisqu’elle persista dans la Réligion Grecque. Sigismond 1.er, frère des deux Rois precedents, 1507.3030 ms. Rois 1507. preced : [p. 28] Glinski,3131 Une lacune sest certainement produite ici. grand General de Lithuanie, après avoir excité des troubles dans sa Patrie, et appellé les Moscovites à son secours, fut à la fin obligé de quiter sa patrie avec tous ses adherens et de s’etablir en Moscovie.

L’an 1525. le Roi donne l’Investiture sur le Duché de Prusse à Albert, Margrave de Brandebourg. L’an 1526. il accorde aux Ducs de Pommeranie les districts de Lauenbourg et Butau de la Pommerelle en Fief.

[p. 29] Dans la même année, le Roi prend possession du Duché de Masovie, après la mort du dernier Duc.

Sigismond Auguste 1548.

Il fut couronné à Cracovie à l’âge d’onze ans, sous cette condition pourtant, que les rênes du Gouvernement resteroient entre les mains de son Père, tant qu’il viveroit. Allant voir le Duc Albert de Prusse, il courût risque de perdre la vie. Comme on avoit chargés les Canons des remparts de Königsberg à [p. 30] balles, la tête d’un page fut emportée tout à côté du Roi, de sorte que le Roi fut arrosé de la cervelle du tué. Gotthardt Kettler, dernier Grand Maître de l’Ordre /:der Schwerdt Brüder:/ en Livonie offrit au Roi les Duchés de Courlande et de Semgalles en fief, il fut investi l’an 1569. L’an 1563. Eric, Duc de Brunsvic, arriva avec 14000. hommes en Prusse, mais après avoir reçu des Dansicois 12000. écus au nom de toute la province, il s’en rétourna.

[p. 31] En 1552. Signawski, petit General de l’armée de la Couronne, nomma un Palatin pour regner sur la Valachie, après qu’il en avoit été requis par cette Nation. 1569. à la diète de Lublin, la Volhynie, la Podolie, la Podlachie, la Kyovie et le grand Duché de Lithuanie ont été unis pour jamais au Royaume de Pologne, de façon qu’ils doivent tousjours être gouvernés du même Roi. Sous son regne, les Soldats Quartiens ont été institués, on les appelle [p. 32] ainsi de la quatrième partie des revennues des Œconnomies royales, destinée à leur3232 ms. leurs. soutien. C’est de là qu’on nomme ces Soldats les Quartians.

Les Dansicois s’étoient attirés la disgrace du Roi, à cause qu’ils n’avoient pas voulû admettre ceux qu’il y avoit envoyé, pour regler l’etat de leur Ville. À la fin, le Roi leur accorda sa grace, après qu’ils avoient admis non seulement ceux que le Roi leur avoit envoyé, mais qu’ils leur3333 ms. leurs (?) avoient aussi [p. 33] permis de faire de nouvelles loix, lesquelles sont nommé[e]s3434 ms. nommés. les Constitutions Karnkoviennes, après le nom du prèmier des Commissaires du Roi qui s’appelloit Karnkowski.

Les Rois des Maisons différentes.

Henri de Valois, Duc d’Anjou 1573.

Dans le diète de Convoc[a]tion3535 ms. Convoction. de 1573. on établit une paix et union perpétuelle entre les Dissidens dans la Religion, c’est à dire entre les Catholiques et les Evange[p. 34]liques, par consequant on voit que, dans ce tems là, ce nom de Dissidens convenoit également aux Catholiques et Evangeliques. On convennoit que la Religion ne devoit pas mettre un obstacle pour posseder toute sorte de Dignité dans la Republique. L’Electeur de Brandebourg, comme Duc de Prusse, démandant par ses Envoyés d’être admis à donner sa vois pour l’Eléction du Roi, on leur repondit qu’ils devoient attendre la decision du Roi futur. Le Duc de Courlande demandant la même prérogative fut réfu[p. 35]sé tout net. Le Roi fut élû auprès du Village de Kamien, du côté de Prague, le 5.me d’Avril 1573. Il fut déclaré Roi par le Prince Primat et proclamé par le grand Maréchal de la Couronne, qui pretendoit que, dans une Election, la collection des voix apartenoit au Primat, mais que la proclamation apartenoit au Grand Maréchal. Comme le Roi Henri confirmoit à Paris par Serment les Pacta Conventa, l’Evêque de Posen contredit au nom de tout le Clergé, à l’article par lequel la paix entre les Dissidens dans la Réligion [p. 36] fut établie. Le 18. de Juin 1574. le Roi ayant appris la mort de son Frére Charles IX., Roi de France, il prit la fuite, et parti[t]3636 ms. parti. de Cracovie accompagné de sept3737 ms. septs. personnes seulement, pour arriver au plus vite en Silesie. Il monta une Cavalle Turque.

Etienne Bathory 1575.

Elû le 14 : de Décembre ensemble avec la Reine Anne, fille de Sigismond 1.er Quoiqu’il s’étoit assemblé une nombreuse Noblesse à Andrejou pour l’Election du Roi, il n’y avoit pourtant de tous les Evêques que celui de Cujavie, Karnkowski, dont nous avons fait [p. 37] mention sous le Regne de Sigismond Auguste. Avant Etienne Bathory, l’Empereur Maximilien 2.ond avoit été élû Roi de Pologne le 12. de Decembre, c’est pourquoi on envoya des Ambassadeurs pour faire voir à l’Empereur que son Election ne s’étoit pas faite dans l’Ordre. L’Empereur leur donna audience à Ratisbonne et après avoir faites en vain leur[s]3838 ms. leur. rémontrances, ils furent congédiés, saisis en chemin et conduits prisonniers à Lintz en Autriche. On allégua pour raison de leur détention, que Kurzbach, [p. 38] Ministre de l’Empereur destiné pour Dansic, avoit été saisi en chemin dans la Pomerelle, blessé et spolié par le Colonel Weiher, et qu’ensuite on lui avoit accordé la permission d’aller à Dansic, sous condition qu’il se presenteroit au Roi. Mais après que cet3939 ms. cette. Envoyé avoit ensuite promis que les Ambassadeurs de la République de Pologne seroient rémis en liberté, et qu’il étoit arrivé en Allemagne, l’Empereur mourut, et on permit enfin au mois d’Octobre de la même année 1576. aux Ambassadeurs de retourner [p. 39] dans leur Patrie. Les seuls4040 ms. seules. Dansicois réfusérent de prêter hommage au Roi Etienne, non par amour pour l’Empereur, mais pour la conservation de leur[s]4141 ms. leur. droits et priviléges que le Roi leur devoit prèmièrement confirmer, et abolir les Constitutions Karnkoviennes. Au commencement de l’an 1575. on tenta à Bromberg /:où le Roi s’étoit rendu:/ un accomodement avec les Dansicois, mais comme on n’y réussit pas, les Dansicois furent declarés ennemis de la Pologne, on mi[t]4242 ms. mis. leurs Delegués en arrêt et les men[p. 40]na prisonniers à Lencycz. Au Conseil du Sénat tênû à Inowładisław on résolu[t]4343 ms. résolu. la guerre contre eux. A la fin, comme le Siége de la Ville de Dansic n’alloit pas bien, le Roi le leva et alla à Marienbourg. C’est dans cette Ville, où par l’entremise de quelques Princes de l’Allemagne les démêlées furent traités à l’aimable, et où la Ville de Dansic, après une deprécation publique rentra dans la grace du Roi. La Ville fut obligée de payer au Roi une amende de 200000. florins de Prusse pendant le terme de cinq ans, et 20000. [p. 41] florins pour la réedification du Monaster d’Olive, que les Dansicois avoient brûlé. Pendant la Diète de 1578. le Roi nomma Géorge Frèderic Marquis de Brandebourg Anspach, Curateur d’Albert Frèderic, Duc de Prusse, et l’investi[t]4444 ms. investi. solemnellement. Les Envoyés de l’Electeur de Brandebourg touchèrent le Drapeau pour marquer que la branche de leur Maître avoit droit à prètendre à l’investiture après l’extinction de la race regnante, mais on leur contredit au nom de la Noblesse Polonoise. [p. 42] Pendant cette même Diéte on institua deux Tribunaux Suprêmes dans le Royaume, pour y appeller des Tribunaux inferieurs, l’un fut établi4545 ms. établit. dans la grande Pologne, à Petricow, l’autre dans la petite Pologne, à Lublin.

Dans la même année, les Russes qui avoient fait le Siège de Vende en Livonie, en furent chassés par André Sapieha. L’an 1581. on conclû[t]4646 ms. conclû. la paix avec les Russes à Zapol par l’entremise d’Antoine Possevin Jesuite au quel le Czaar avoit fait acroire qu’il reconnoitroit le pape pour Chéf de l’Eglise Universelle et qu’il em[p. 43]brasseroit avec ses Sujéts la Réligion Catholique Romaine. 1583. Magne, Frère du Roi Frèderic 2.cond de Dannemarc, possedoit le District de Pilten en Courlande. Après sa mort, la même année, son Frère Frèderic 2.cond la vouloit garder. Mais le Roi Etienne fit une Convention avec lui de lui céder son droit contre la payement de 30000. écus éspece, la quelle somme fut avancée par Géorge Frèderic, Duc de Prusse, moyennant quoi on lui accorda le dit District comme une hypothèque.

Sigismond 3.me 1587.

Zamoyski, grand Chancellier [p. 44] de la Couronne proclama le Roi, à cause de l’absence des grands Maréchaux, la Mère du Roi, Catherine étoit fille du Roi Sigismond 1.er mariée au Roi de Suède Jean, qui fit élever son Prince Sigismond dans la Religion Catholique pour lui faciliter par là la Succession en Pologne. En 1592. au Mois de Mai, le Roi epousa Anne, fille d’Archi Duc Charles, nièce de l’Empereur Ferdinand Prèmier à Cracovie. L’Evêque de Cujavie Rozraszewski couronna la Reine, l’Archevêque de Gnesen se trouvant malade.

[p. 45] Comme la Reine mourut 1598. le Roi epousa 1606. sa Soeur Constance.

En 1611. il fut résolû à la Diète de Varsovie d’accorder à l’Electeur de Brandebourg Jean Sigismond le Duché de Prusse en fief. Comme l’Electeur étoit arrivé après la Diète à Varsovie, il fut solemnellement investi le 16.me Novembre de la même année, pendant que les Envoyés de ses trois frêres touchoient le Drapeau, pour marque de leur droit à la Succession.

NB. Il est rémarquable que pendant cette Diete Vladislas étoit assis sur une chay[p. 46]se sans bras, à la gauche de son Père, pour s’accoutumer au gouvernement.

1612. Etienne Tomsza envahi[t]4747 ms. envahi. la Moldavie, puisque l’Empereur de Turquie lui avoit conféré cette Province, Constantin Mohila prennant la fuite à Choczym, Etienne Potocki, son Gendre, venoit à son secours mais il fut environné des Tartares qui avoient suivi Tomsza, et fut menné en captivité sans avoir pû même combattre à Constantinople. Constantin Mohila creva de Misère chez les Tartares.

En 1629. le Roi conclût une trève de six ans, près de [p. 47] Stum, avec le Roi Gustave Adolphe, par la médiation des Rois de France et d’Anglettere et de l’Electeur de Brandebourg, en vertu de laquelle les Suedois garderent la Livonie jusqu’à la Dûne, dans la Prusse Polonoise. Elbing Braunsberg, Tolkemit, le District de Frischhaven, une partie de la grande Isle et de la Nering des Dansicois, et dans la Prusse Brandebourgeoise – Pillau. À l’Electeur de Brandebourg on donna pour Sureté Marienbourg, Stum et Haupt, un fort sur les bords de la Vistule, afin qu’il rendit aux Suédois Memel et des autres [p. 48] endroits dans la Prusse Brandebourgeoise, en cas que la paix ne fut pas conclû[e]4848 ms. conclû., avant la fin de la treve.

1632. le Roi accorda pour jamais, peu de tems avant sa mort, en son nom et en célui de ses Successeurs, les révénus de la Monnoie à la Republique, après qu’il seroit décédé.

Vladislas IV. 1632.

À la diete de Convocation, l’Electeur de Brandebourg comme Duc de Prusse, fit faire de plaintes par son Envoyé de ce qu’on l’avoit oublié, et pretendoit qu’il seroit admis pour donner [p. 49] sa voix pour l’Election du Roi, ce qui lui a été refusé en vertû d’une coutûme perpetuelle contraire.

Pendant la Diète d’Election, il fit faire la même demande au Senat, mais en vain, et l’ordre Equestre ne permit même aux Envoyés de l’Electeur d’exposer leur commission. Car à peine s’étoient ils presentés qu’on entendit de tous côtés un bruit sourd, comme si l’Electeur avoit autre fois appellé les Suedois en Pologne, de sorte que les Envoyés furent obligés de se retirer couverts de honte.

1644. La Reine mourut et le Roi se remaria avec Ma[p. 50]rie, fille du Duc de Mantoue. La même année on tenoit le Colloquium caritativum à Thorn qu’on appelloit ainsi à caritate /:charité:/ avec laquelle les Prêtres de l’Eglise Romaine et de la Religion Evangelique assemblés pour convenir ensemble4949 ms. emsembles., se devoient traiter mutuellement ; mais cette assemblée finit l’année suivante infructueusement.

1645. Le Roi acheta de l’Empereur, pour lui et sa maison, les Duchés d’Oppeln et de Ratibor, pour douze cens mille florins d’Allemagne. En 1647. il introduisit la Poste.

Dans le commencement de [p. 51] son regne il avoit dessein d’établir un Ordre, sous le nom de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge et il le fit aprouver par le Pape Urbain VIII. mais en suite il l’a oublié.

Jean Casimir, frère du Roi precédant 1648.

En 1647. les Cosaques furent excités à la rebellion par Theodore Chmielnicki. Etienne Potocki, fils du Grand G[e]neral5050 ms. Gneral. Potocki, fut battu, et Nicolas Potocki fut menné en captivité avec le petit General de la Couronne Kalinowski, les deux batailles furent perdues au mois de Mai 1648. [p. 52] Les Envoyés de l’Electeur de Brandebourg comme Duc de Prusse, presenterent la voix de leur Maître par écrit au Prince Primat. Ceci quoique nouveau et sans exemple, les Envoyés prenoient pourtant en mauvaise part, qu’on ne lisoit pas5151 ms. ne la lisoit pas. les Actes de l’Interrégne, et oserent protester que cette omission ne devoit pas nuire au Droit de leur Maître.

1649. Le grand General et le petit General de la Couronne, n’étant pas encore de retour de leur captivité, on confia le commandement de l’Armée aux Castellans de Belsk : André Firley, à Stanislas Lanckoronski de Kaminiek et à Nico[p. 53]las Ostrorog, Echanson de la Couronne.

Dans la même année, l’Electeur de Brandebourg fit prêter Sèrment pour la Prusse par ses Envoyés, et paya pour la dispense de ne le faire en personne Nonante mille florins de Prusse.

Ceux qui avoient été envoyés pour adoucir Chmielnicki, lui presentèrent le lendemain après leur arrivée les marques du Suprême commandement de Cosaques, un baton appellé communement Buława et un Drapeau au nom du Roi, mais comme les Cosaques ne restoient pas tranquilles, pendant la treve, [p. 54] la guerre fut résolû[e]5252 ms. résolû. de part et d’autre.

Chmielnicki étoit parvenû à former une armée de deux cent mille hommes.

Les Polonois n’avoient que neuf mille, qui avoient leur5353 ms. leurs. Camp auprès de Zbarras en Wolhynie, sur les confins de la Russie. Ceux-ci soutenoient également courageusement les attaques de l’ennemi aussi bien que la faim, en mangeant des cheveaux et des chiens. Le Roi arrivoit enfin fort à propos avec vingt mille hommes, alors on donna une bataille, dans laquelle les Cosaques furent vainqus, après quoi la Paix fut faite [p. 55] le 17. Août 1650.

Cette Paix ne fut pas pourtant de5454 ms. pas pourtant pas de. durée, car à peine Chmielnicki fut de retour en Ukraine, qu’il recommença de nouvelles troubles, et comptant sur les Tartares, il invita les Moscovites et les Turcs d’entrer en Pologne. Le Roi ordonna alors au Grand Géneral Potocki et Petit Géneral de la Couronne Kalinowski, qui étoit de rétour de sa captivité chez les Tartares, de camper aux environs de Kaminick, et lorsque Potocki fit empaler les marodeurs des Cosaques, Chmielnicki tâchoit de le rendre odieux aux Tartares, [p. 56] et l’accusoit comme s’il avoit rompû la Paix, réproche, que les Polonois firent aux Cosaques.

Comme on fit la révuë de l’Armée sous Kaminick 1651. elle étoit de cent mille hommes, que le Roi commandoit en personne. Le 1.er Juillet de la même année on donna une bataille genérale et les ennemis, dont le nombre étoit de trois cens mille hommes, furent mis en fuite.

Le 27. Septembre on fit de nouveau la Paix à condition 1.ment que les Cosaques ne devroient garder une Armée plus forte de vingt mille hommes, qui se devoient joindre à l’Armée [p. 57] du Roi, 2.dement que dans les districts qu’on leur assigneroit pour y demeurer, les libertés de la Religion Grècque leur seroient confirmées, et qu’il devoient 3.ment rénoncer à leur alliance avec les Tartares, aussi bien qu’en géneral avec tous5555 ms. toutes. les ennemis de la Pologne.

Dans la même année 1651. on tenta en vain de faire la Paix avec la Reine de Suéde.

1652. On a vû pour la prèmiere fois la Diéte rompue par un seul Nonce nommé Siscyński.

La même année, Timothée Chmielnicki, fils du Hetman des Cosaques, surpris assisté des Tar[p. 58]tares, le Petit Géneral Kalinowski, qui campoit avec environs neuf mille hommes, masacrérent toute cette pétite Armée, dont le Chéf, le Petit Géneral, fut tué aussi dans le Combat.

La même année on tenoit encore une autre Diéte, dans laquelle on pri[t]5656 ms. pris. non seulement des Mésures convénables pour la Sûreté du Pays, mais on déclara aussi Hieronyme Radziejowski, Petit Chancelier de la Couronne, ennemi de la Patrie, puis qu’on avoit découvert par ses Lettres interceptées, qu’il ne confirmoit non seulement les Cosaques [p. 59] dans leur Sédition, mais qu’il leur avoit aussi procuré la Protection de la Reine de Suède.

Radziejowski étant tombé dans la disgrace du Roi, étoit allé à Vienne, et de là en Suéde, sans demander pardon au Roi, ses Lettres écrites de la Suéde aux Cosaques, furent interceptées, et on fut convaincû qu’il excita premièrement la Reine, et dépuis Charles Gustave de faire la guerre à la Pologne.

Des autres sont d’opinion que la véritable cause de sa proscription, a été l’inclination du Roi pour son Epouse, [p. 60] une belle Lithuanienne de vingt trois ans.

En 1653. le Roi commanda en Personne l’Armée contre les Cosaques. Après quelque[s]5757 ms. quelque. petites escarmouches, on fit le 16. Decembre la Paix avec les Tartares qui s’engagerent de rester amis de la Pologne, moyennant une somme réglée, que les Polonois leur5858 ms. leurs. accorderent par an. Ils firent en même tems la Paix pour les Cosaques, sous condition qu’en cas qu’ils rentrerent dans leur obéissance, ils jouiroient de la Paix de Zbaras, mais ceux ci, comptant sur la protection Moscovite, pré[p. 61]feroient la guerre.

En 1654. Chmielnicki reçoit du Grand Duc de Moscovie l’Ukraine en Fiéf. Comme les troupes Moscovites avoient remportés differents5959 ms. differentes. avantages, Jean Radzivil, Grand General de Lithuanie, marcha avec dix mille hommes contre l’ennemi, et donnant bataille avant l’arrivée de Gasiewski, Petit General de Lithuanie, il fut mis en fuite, aprés avoir perdu un grand nombre de tués de son armée. Le Czaar rétourna alors de nouveau à Smoleńsk et s’en rendit Maître. On soupçonna que cette ville avoit été trahie par son [p. 62] Palatin Obachowski.

Dans l’Ukraine, Stanislas Potocki et Stanislas Lanckoroński arracherent quelque[s]6060 ms. quelque. Villes aux Cosaques, à l’aide de dix-huit mille Tartares qui assisterent àlors les Polonois.

En 1655. les Moscovites et les Cosaques étoient postés du côté de Humann, et dans la nuit du 11.me au 12.me Janvier, on donna bataille dans laquelle les Polonois furent Vainqueurs.

La même année, dans le fort de la guerre contre les Moscovites et les Cosaques, une nouvelle guerre s’alluma contre les Suédois. [p. 63] Pendant que la tréve de vingt-six ans n’étoit pas encore finie, l’Envoyé de Jean Casimir à Stockholm, protesta contre la cession que la Reine Christine faisoit de l’Isle de Rügen à Charles Gustave 1654., par quelle Protestation le Roi Charles Gustave fut tellement irrité qu’il résolut de faire la guerre en Pologne. André Morstyn qu’on avoit envoyé en Suéde, pour travailler à la Paix, ne put pas obtenir une Audience du Roi.

Toute l’armée Polonoise se déclara en faveur du Roi de Suéde. Le Roi Jean Casimir se rétira en Silésie et revint au commencement de l’année 1656. en Pologne, il se [p. 64] voua avec le Royaume à la Sainte Vierge. Il fit le Siége de Varsovie, pri[t]6161 ms. pris. la Ville, mais ayant été ensuite battû par Charles Gustave, la Ville de Varsovie se trouvant sans garnison, tomba au pouvoir des Suédois.

La même annee Jean Casimir fit un Armistice /:Waffen Stillstand:/ avec les Moscovites.

En 1657. il dispensa l’Electeur de Brandebourg par la Mediation du Ministre de l’Empereur Lifola, en vertu du Traité de Welau du Vasselage pour le Duché de Prusse.

En 1658. il repri[t]6262 ms. repris. à l’aide des Imperiaux la Ville de Thorn occupée par les Suédois.

[p. 65] La Paix d’Olive fut concluse en 1660., qui mit fin à la guerre contre les Suédois.

Géorge Lubomirski, Grand Maréchal de la Couronne et Petit General de l’armée de la Couronne, fut declaré en 1664. ennemi de la patrie, et fut condamné à perdre la tête, l’honneur et ses biens. Il se retira à Breslau. Jean Sobieski fut créé à sa place Grand Maréchal, et Czarniecki, Palatin de Kiovie – Petit Géneral.

En 1665. Lubomirski ayant assemblé un Corps de trouppes, rentra en Pologne et se mit en defense, le Roi le fit attaquer, mais sans Succés.

[p. 66] En 1666. le Roi l’attaqua en personne, mais il fut battû, après cette perte le Roi se réconcilia avec Lubomirski qui l’alla voir pour lui rendre ses respects, mais comme Lubomirski malgré cette réconciliation ne se crût pas trop sûr6363 ms. sûre. en Pologne, il rétourna à Breslau, où il mourut au commencement de l’année suivante d’une mort subite.

La Tréve avec les Moscovites en 1667. fut prolongé[e]6464 ms. prolongué. jusqu’à 1680., par laquelle on accorda au Czaar Smolensk, l[a]6565 ms. le. Severie et Czernichovie et l’Ukraine de delà du Borysthene avec les Cosaques, qui l’habitoient pour jamais, et la Ville de [p. 67] Kyovie pour deux ans.

Le Palatinat de Polock et Witepsk furent rendus6666 ms. rendues. aux Polonois dans la même année, la Reine mourut le 10. de Mai.

En 1668. l’Electeur de Brandenbourg prit possession de la Starostie de Draheim avec connoissance du Roi, après que les trois années furent expiré[e]s6767 ms. expirés., après lesquelles il devoit être permis à l’Electeur de Brandebourg, en vertu du Traité de Bromberg, de s’en rendre maître, en cas qu’on ne lui payeroit pas 120. mille écus de l’Empire.

Dans la même année, le Roi fit son abdication, embrassa l’état [p. 68] Ecclésiastique et mourut en France l’an 1672., comme Abbé de Saint Germain.

Avant que de faire mention du Regne de Michel Wiszniowiecki, il faut noter sous le Regne de Jean Casimir l’origine de la dépravation de la monnoye. En 1663. l’Armée Polonoise se contenta de huit millions de florins au lieu de vingt six qu’on lui dévoit. Mais enfin de trouver le moyen pour payer les dits 8. millions, on resolu[t]6868 ms. resolu. de battre de la monnoye dont le cours devoit exceder la valeur interne. Boratin et Tymph furent les Entreprenneurs de cette nouvelle monnoye. Le premièr fut honnoré de l’Indige[p. 69]nat, le dernier fut obligé de chercher son Salut dans la suite. Les Tymphes, dignes Enfans d’un tel Pere, montrerent sa bonne foi.

Michel Wiśniowiecki 1669.

Ce Prince suplia les Etats à son Election, les larmes aux yeux, de l’en dispenser. Il étoit savant mais il ne possedoi[t]6969 ms. possedois. pas l’art de regner.

En 1669. à la Diète de Convocation, le Decrèt Royal de 1664. contre Géorge Lubomirski, Grand Maréchal de la Couronne7070 ms. Cour sans signe abréviatif., fut cassé.

En 1670. le Roi épousa Eléonore, Soeur de l’Empereur Léopold.

Dans la même année, il y eût une dispute entre le Roi et l’Electeur de Brandebourg comme Duc de Prusse, à cause d’un no[p. 70]ble Prussien nommé Kalkstein. Cet homme, à cause des grands crimes avoit été condamné d’avoir la tête tranché[e]7171 ms. tranché., mais la sentence fut depuis changée par la grace de l’Electeur, et il fut condamné de passer toute sa vie dans une Prison, d’où l’Electeur le tira encore une année après, sous condition cepandant, qu’il ne devoit jamais quitter sa Terre hereditaire sans un consentement de l’Electeur. Cet homme là vint à Varsovie, où il presenta une libelle contre l’Electeur, au Roi et aux Etats, par laquelle il demanda de l’apui contre l’Electeur au nom des Prussiens.

[p. 71] L’Electeur demanda en vain qu’il lui fut extradé. Enfin, l’Envoyé de l’Electeur, Brand, le fit enléver et conduire secretement en Prusse.

Le Roi se plaignoit ensuite à l’Electeur de cet enlevement, tant par des Lettres que par son Envoyé, et demanda que Kalkstein lui fut rendû, et que celui qui l’avoit fait enlever fut puni.

L’Electeur nia que l’Enlevement avoit été fait par son ordre, et pour apaiser7272 ms. apaisser. le Roi, Brand, qui s’étoit enfui exprès, fut par une sentence simulée proscrit et condamné à perdre ses Terres hereditaires, c’étoit en 1671. mais peû après [p. 72] cette Sentence fut cassée, et trois ans après, comme Jean Sobieski avoit été élû, Brand fut de nouveau envoyé de la part de l’Electeur à Varsovie, et en 1672. on trancha la tête à Kalckstein à Memel.

Dans la même année, l’Electeur donna le sécours stipulé par les Traités de Bromberg et Welau, à la République de quinze cents fantassins, contre les Turcs. La même année la Paix avec les Turcs fut conclûe le 18. d’Octobre, sous condition que Kaminiec et la Podolie resteroient aux Turcs, l’Ukraine aux Cosaques sous la clientelle des Turcs, [p. 73] auxquels les Cosaques seroient obligés de payer vingt deux mille Ducats par an. La Ville de Léopol promit le payement de cette somme en six mois, du Tresor de la Republique. La même année, il y eût une grande Confederation sous Czarniecki, et 1673. grand Conseil à Varsovie. Le 10. de Novembre de la même année, le Roi mourût à l’âge de 35. ans sans Enfans.

Jean Sobieski 1674.

Il fut élû à cause de plusieurs Victoires remporté[e]s7373 ms. remportés. sur les Turcs. En 1676. il se fit couronner avec son Epouse Marie de la Grange, fille du [p. 74] Marquis d’Arquien.

L’an 1683. il alla au Secours de l’Empereur Léopold et aida conjointement avec l’Electeur de Saxe Jean Géorge 3me, l’Electeur de Bavière Maximilién Emanuél et le General de l’Empereur, le Duc Charles de Lorraine, à battre les Turcs et à leur faire léver le Siége de Vienne qui étoit assiégée par le Grand Visir Cara Mustaphe.

Le Roi se rendit Maître de la Tente du grand Visir et de la Caisse militaire. Il pretend dans ses Lettres à la Reine, son Epouse, qu’on [p. 75] trouve imprimées dans la vie de l’Empereur Léopold, que la victoire a été principalement duë aux Polonois, cepandant on sait que les Saxons firent l’Avant Garde. Il partit de Vienne mécontent de l’Empereur7474 ms. Empeureur..

Son Prince ainé Jâques s’étoit fiancé avec une riche Douairière Marie Louise, fille de Boguslas, Prince de Radzivil, mais le Comte Palatin Charles Philippe 1688. l’épousa la veille des noces. La Cour de Pologne en fut extrèmement piquée, mais elle fut apaisée par le mariage du sudit Prince Jâques [p. 76] avec la Soeur de son rival et d’Eléonore Madelaine, Imperatrice des Romains, Hedwige Elisabethe, l’an 1691.

En 1694. la Princesse, fille du Roi, Therèse Cunigonde, fut mariée à l’Electeur de Bavièrre, Maximilien Emanuel.

Le Roi mourût l’an 1696. On pretend que pendant les 22. ans qu’il a regné, il ait epargné 500000. écus par an, ce qui fait onze mill[i]ons7575 ms. millons. d’écus pendant la duré[e]7676 ms. duré. de son regne. A la fin, on fut obligé de payer pour le moins un Ducat pour chaque requête.

[p. 77] Auguste II.me 1697.

Son Rival, le Prince de Conti, fut obligé de se retirer par mèr de Dansic, pour retourner en France. Il y avoit, dans le tems de l’avenement du Roi à la Couronne, de grandes disputes entre la maison de Sapieha et le reste de la Noblesse Lithuanienne.

En 1699. se fit la paix avec les Turcs à Carlowitz, par laquelle Kamieniec retourna aux Polonois.

L’an 1700. commença la Guerre du Nord. Frèderic 4.me Roi de Dannemarc ne vouloit pas souffrir que le Duc de Holstein, Gottrop, fasse fortifier quelques Vil[p. 78]les dans son Duché.

Auguste 2.cond pensa d’accomplir les Pacta Conventa par lesquels il s’etoit engagé de tâcher à reprendre les Provinces que les voisins avoient [emblées à] la7777 ms. avoient dembrés de la. Pologne. Pierre le grand étoit avide de posseder un port sur la Mèr Baltique.

Ces Trois Monarques conclurent une Alliance contre le Roi de Suéde, Charles douze.

Le Roi de Dannemarc fit le Siége de Tönningen, et le Roi de Suéde dans sa 18.me annnée – celui de Coppenhague, après quoi on conclût la paix entre le Dannemarc et la Suéde à Traven[p. 79]datil.

Les Saxons se rendirent maîtres du Fort de Dunamunde, pas loin7878 ms. loins. de Riga, et de celui de Kockenhausen, à 12. miles7979 ms. meiles. de cette Ville.

Pierre le grand fit le Siége de Narva, mais le Roi Charles XII. l’obligea de se retirer après avoir perdû beaucoup de monde.

En 1701. Charles XII. tourna ses armes contre Auguste II. et délogea les Saxons partout en Livonie.

En 1702. Charles XII. allà à Varsovie dans le dessein de détroner Auguste. Il y eût la même année une bataille près de Clissow que le Roi Auguste perdit et [p. 80] dans laquelle Frèderic, Duc de Holstein, Gottrop, Beau-frère du Roi Charles XII. fut tué.

La même année on fit une grande Conféd[é]ration8080 ms. Confédration. à Sendomir pour maintenir le Roi Auguste sur le Thrône.

L’an 1703. Charles douze assiég[e]a8181 ms. assiéga. Thorn et s’en rendit Maître, il en fit raser les fortifications.

En. 1704. le Primat Radziejowski, ennemi mortel du Roi, fit une grande Confedération de son coté, fit déclarer le Thrône vacant et fit élire Stanislas Leszczyński, Palatin de Posen, pour Roi. Dans le Szopa il n’y avoient que 10. Senateurs [p. 81] et 100. Nobles, la plupart du Palatinat de Posen.

En 1705. le Roi Auguste institua l’Ordre de l’Aigle blanc.

En 1706. on conclut la paix d’Altranstadt, par laquelle le Roi Auguste abdiqua la Couronne.

L’an 1709. se donna la bataille de Pultawa, où le Roi Charles XII. fut entierèment défait par Pierre le Grand. Après cette bataille, le Roi Auguste rétourna en Pologne et fit publier un Manifeste par lequel il fit voir que les Suédois avoient rompû la paix les premiers.

En 1710. tout se soumit en [p. 82] Pologne au Roi Auguste 2cond comme à son Roi légitime.

En 1717. se tennoit à Varsovie une fort nombreuse Diète de Pacification, par laquelle le Roi Auguste fut generalement reconnû et confirmé.

En 1726. à la Diètte de Grodno, les Possessions de la Maison Electorale de Saxe en Pologne ont été confirmées, et par cette même Diette le Roi Auguste fut obligé de casser l’Election du Comte Maurice de Saxe, son fils naturel, pour Duc de Courlande et de Semgalle 1733. Le 1.er fevrier le Roi mourut d’une suite de Cangréne au pied.

[p. 83] Auguste III.me 1733.

Le 27. d’Avril 1733. la Diètte de Convocation prit son comencement, et le 25. d’Août de la même année – celle de l’Election.

Le Roi Stanislas fut élû au mois de Septembre et le Roi Auguste 3.me – le 5.me d’Octobre. Par les Pacta Conventa le Roi Auguste 3.me s’engagea : Premièrement de faire reparer les fortifications de Kaminiec, secondement d’établir une école militaire pour la jeune Noblesse, troisiemement de donner trois mill[i]ons8282 ms. millons. de florins de Pologne au Trèsor de la Republique pour les besoins publi[c]s8383 ms. publiques., quatriemement de faire rébâtir la Monnoye, cinq[u]iemement8484 ms. cinqiem. [p. 84] de payer par an 100000. florins pour les ambassades de la République, et sixiemement de faire explo[i]ter8585 ms. exploter. les mines de Cracovie.

En 1734. le 17. de Janvier, le Roi Auguste fut couronné après les funerailles d’Auguste 2.cond, de Jean Sobieski et de Marie son épouse. On ne pouvoit pas tenir une Diète de couronnement, faute d’un nombre suffisant de Nonces. Le Roi Stanislas Leszczyński s’étoit retiré le 2.cond d’Octobre 1733. à Dansic, d’où il étoit obligé de s’enfuir le 27. de Juin 1734.

Les Dansicois, après avoir soutennû le Siége des Rus[p. 85]ses et des Saxons dépuis le 13. de Janvier de la même année, furent enfin obligés de se rendre le 30. de Juin et de réconnoître pour Roi Auguste III.me

L’an 1736. on tint la Diéte de Pacification. On accorda à Stanislas le tître de Roi de Pologne, et le Roi de France Louis XV., son gendre, lui donna sa vie durant les Duchés de Lorraine et de Baar, que la France avoit eû en échange pour le grand Duché de Toscane.

En 1737. le 14. de Mai, la Noblesse de Courlande et de Semgalles élû[t]8686 ms. élû. pour Duc Erneste, Comte de Biron, grand Chambellan [p. 86] de l’Imperatrice Anne de Russie.

En 1739. le 20. de Mars, le Chancelier de Courlande Finck réçût l’investiture sur lés Duchés de Courlande et de Semgalles au nom du Grand Chambellan, le Comte Erneste Biron.

En 1740. l’Imperatrice Anne nomma peu de jours avant sa mort /:qui arriva le 20. d’Octobre:/ pour Tuteur de son Neveu Iwan, son grand Chambellan, le Duc Erneste de Courlande, et le designa8787 ms. dessigna. en même tems Duc Regent jusqu’à ce que le Prince auroit atteint l’âge de 16. ans.

L’an 1741. le 20. de Novembre, le Duc Ernest fut arreté, [p. 87] deposé de toutes ses charges en Russie, declaré coupable du crime de Léze Majesté et de plusieurs malversations, et envoyé en Siberie avec son Epouse et ses Enfans.

L’an 1742. Après l’avenement au Throne de l’Imperatrice Elisabethe, on accorda au Duc Biron de passer à Jaroslaw, et son arrêt fut un peu mitigé.

En 1747., vers la fin de l’année et au commencement de l’an 1748., les Russes traverserent la Pologne pour aller au secours de l’Empereur. Dans leur marche ils observoient une bonne discipline et payoient tout argent comptant.

Après qu’ils étoient déja arri[p. 88]vés en Bohéme, les François traiterent de la Paix, laquelle fut conclue entre l’Empereur et la France, la même année 1748., à Aix la Chapelle.

Les Jugements Assessoriaux prononcerent en 1752. un Décret touchant les differends entre le Magistrat et les Bourgeois de Dansic. Ce Procès a couté à la Ville quelques millions de Florins.

L’an 1750. le Roi et le Sénat écrivirent une Lettre à l’Imperatrice Elisabethe pour obtenir la Délivrance du Duc de Courlande, Ernest Jean. Mais l’Imperatrice s’excusa de ne pas pouvoir satisfaire à leur demande, par des raisons d’Etat.

[p. 89] En 1759. le Prince Charles de Saxe fut solemnellement investi, le 8. de Janvier, comme Duc de Courlande et Semgalles, après que l’Imperatrice Elisabethe avoit fait déclarer par son Ministre, le Baron de Gross, que des Raisons d’Etat empechoient pour jamais qu’Erneste Biron ou ses Enfans fussent rémis en liberté et que les Etats de Courlande et de Semgalles avoient élûs le Prince Charles pour leur Duc.

L’an 1762., après que Pierre 3.me fut monté sur le Throne de Russie, Ernest Jean Biron fut remis en liberté. Il publia ensuite un Manifeste sous la date du 20. de Juillet de la même [p. 90] année, par lequel il donna avis aux Courlandois de sa delivrance et réclama ses Droits sur la Courlande. L’Imperatrice Carherine IIde ayant ensuite soutennûe le Duc Erneste Jean, le Prince Charles de Saxe fut obligé de céder à la force.

L’an 1763. le 5. Octobre, le Roi mourût d’une apoplexie, l’après midi vers les cinq8888 ms. cinqs. heures, après avoir regné précisement trente ans.

Stanislas Auguste 1764.

Elû le 7.me Septembre 1764. par la puissante Protection de l’Imperatrice Catherine 2.de Couronné le 25. de Novembre de la même année. Né le 17. de Janvier 1732. Au Mois de Mars 1768., justement après que la Diéte commencée au Mois de Décembre 1767. fut fi[p. 91]nie, on apri[t]8989 ms. apris. à Varsovie la nouvelle de la Conféderation de Baar.