1 session
[fol. 1r]
1 Session
L’ouverture de la Diète Générale des États de Pologne et de Lithuanie se fit aujourd’hui, selon les formalités usitées.
Le Roi, accompagné des sénateurs, ministres et nonces de la Diète, se rendit à dix heures du matin, à l’Église Collégiale de saint Jean pour y assister à la messe du Saint Esprit, qui fut célébrée par le prince évêque de Cracovie. Avant l’offertoire de la messe, le Notaire de Lithuanie et Doyen de Varsovie, Wołłowicz, prononçat un beau sermon, en prenant son texte de l’Épître de Saint Paul, chapitre IV : Obsecro vos ut digne ambuletis in vocatione qua vocati estis, solliciti servare unitatem Spiritus Sancti in viculo pacis,11Cf. Epître de Paul aux Éphésiens : 4, 1-3.
et de l’Évangile de Saint Matth. : ut quid cogitatis male in cordibus vestris22 Cf. Evangile selon Matthieu : 9,4.
.
Il exhorta la Nation Polonoise à suivre, dans les mesures à prendre pour le Bien de l’État, les traces de leurs ancêtres, en se dépouillant de tout esprit de faction, qui, après avoir sapé les fondements de la liberté, causeroit, tôt ou tard, l’entière ruine de l’État.
La dévotion étant finie, les Nonces se rendirent à leur Chambre où il se passat du tems avant qu’un chacun pût être placé selon son rang, à cause de la grande foule de monde qui s’y trouvoit.
Aussitôt qu’on fut arrangé, le premier nonce de Vilna – Horaim (comme Directeur de la Chambre) fit l’ouverture de cette première séance par un discours fort ample [fol. 1v] qu’il commença en rendant grâce au Tout-Puissant d’avoir conservé le Royaume en paix, et en remerciant le Roi des soins paternels avec lesquels il ne discontinuoit de veiller au bien et à la conservation de cet État. Il conjura ensuite l’Assemblée, que, pour l’amour de Dieu et pour celui qu’on devoit à la Patrie, on voulût bien procéder avec unanimité aux délibérations que demandoient les circonstances présentes et les intérêts de l’État.
Son discours étant achevé, les nonces du Palatinat de Cracovie voulurent commencer à voter pour l’éléction du Marechal de la Diète, mais le premier nonce du Palatinat de Posnanie, Działyński, s’y opposat. Plusieurs heures s’i étant passées sans qu’il eût voulu se désister de son opposition, ayant, au contraire, produit son instruction, en vertu de laquelle il lui étoit fortement enjoint d’insister, cette fois, sur la prééminence dont devoit jouir le Palatinat de Posnanie, le Directeur de la Chambre lui cita des Constitutions, en vertu desquelles il n’étoit poins permis de susciter des obstacles de quelques natures qu’ils soient le premier jour de la Diète, qu’on devoit uniquement consacrer à l’élection du Marechal.
Walewski, nonce de Sieradie, appuia les raisons du Directeur, en alléguant que la prééminence des palatinats étoit une matière dont il falloit tracter après l’éléction du Marechal.
Le nonce de Posnanie, en persistant dans son33 ms. sons.
opposition, répliqua à ce dernier qu’il étoit en tout tems à propos de supprimer les mauvais us et les abus.
Les débats continuant sur cette matière avec beaucoup de chaleur, le Directeur proposa que l’alternative touchant la prééminence entre les Palatinats de Cracovie et de Posnanie, fût réservée à être débattue aussitôt que le Marechal seroit élu, [fol. 2r] mais c’est à quoi les nonces de Posnanie ne voulurent pas consentir, s’en tenant – disoient-ils – à ce qui leur étoit, à cet égard, prescrit par leurs instructions.
Dzialynski, le premier des surdits nonces, fit un discours par lequel il tâchoit de prouver que la fondation du Royaume tiroit sa source de la Grande Pologne à laquelle la Petite Pologne s’étoit jointe, que cette première province essuioit les plus grandes calamités, portoit les plus grand[s] fardeau[x]44 ms. grand fardeau.
des contributions en tout genre, et ne juissoit, jusqu’à cette heure, d’aucune de ses prérogatives.
Męcinski, nonce de Cracovie, répliqua à ce discours en disant que le Palatinat de Posnanie avoit, depuis un tems infini, cédé ses prérogatives à celui de Cracovie.
Les nonces de Posnanie demandèrent à voir cette cession, ou qu’on eût à leur prouver, par la loi, et source que leurs adversaires alléguèrent.
L’exemple de la signature des Constitutions eu, le Palatinat de Cracovie avoit, sans aucune difficulté, eu le pas55Construction erronée.
; Dzialynski, à la tête des premiers, répliqua là qu’apparament l’alternative tomboit en ce tems-là au Palatinat de Cracovie et que cela ne pouvoit tirer à aucune conséquence.
Miaskowski, second nonce de Posnanie, appuya son collègue par un discours fort éloquent. Il allégua entre autres raisons celle que le Roi prenoit dans ses titres celui de Pologne autant celui de Cracovie, que le Palatinat du Royaume, comme archevêque de Gnesne dérivoit de la Grande Pologne, et qu’enfin la prééminence que s’attribuoit le Palatinat de Cracovie, étoit un usage qui tournoit en abus. Le discours ne restat point sans réplique de la part des nonces de la Petite Pologne. En66Lire on.
allégua, pour racion,77 Il s’agit de raison.
que le catellan de Cracovie étoit le premier sénateur, que, dans les tribunaux,88ms. tribunaun.
les disputés de la Petite Pologne tenoient la première place, et qu’en fin [le]99ms. la.
Palatinat de Posnanie avoit toujours cédé le pas à celui de Cracovie. [fol. 2v>] Le prince Radziwill, Écuyer de Lithuanie et nonce de Braclavie, appuya les racions sur-alléguées, et conjura la Chambre à ne plus différer l’élection du Marechal selon les Constitutions de 1666, 1669, 1729 et 1736 qu’il citat pour porter les esprits à s’unir.
Néanmoins, les nonces de Posnanie ne se désistoient point de leur opposition jusqu’à ce que les sénateurs et ministres s’en étant mêlés, on les porta à céder la préémin[en]ce1010ms. preemince.
au Palatinat de Cracovie, quant aux suffrages à donner pour l’élection du Marechal, se réservant le pas, aussitôt que le Marechal seroit élu. Cette difficulté levée, on procéda incontinent à l’élecion du Marechal, et tous les suffrages se trouvant réunis en faveur du prince Lubomirski, starosta de Casimir et premier nonce du Palatinat de Rava, il fut nommé Marechal de la Diète.
Le Directeur de la Chambre, après une harangue fort courte par laquelle il fit les éloges du nouveau Marechal, lui remit le baton.
Le prince Lubomirski, comme nouveau Marechal de la Diète, remer[c]ia1111ms. remerria.
alors, avec beaucoup d’élo[c]ution,1212 ms. elorution
la Chambre, du choix qu’on avoit bien voulu faire de lui, assurant qu’il tâcheroit de mériter la bonne opinion qu’on avoit eu de son zèle pour les intérêts de l’État, en lui conférant un si important emploi. Il fit des [vœux]1313 ms. voeun.
pour le Roi dont les soins paternels et infatigables pour le Bien Publi[c]1414 ms. publis.
devoient – disoit-il – pénétrer jusqu’au cœur d’un chacun.
Ayant ensuite prêté le serment usité, il limita la session au lendema[in]1515 ms. landema.
matin, à 9 heures, pour être admis à baiser [la]1616ms.le
main au Roi, après que les nonces auroient été1717ms. etes
légitimés.
