[fol. 87r] Lundi, le 14 9mbre 1746

32 Session

Le Marechal de la Diète, en faisant l’ouverture de cette dernière session, employa les plus fortes raisons et les motifs les plus touchants pour engager les nonces à profiter encore de cette seule journée, en s’unissant, pour se joindre au plus tôt possible au Sénat, et, comme à la dernière session, on en étoit resté sur la question si la prochaine commission devoit avoir autorité relative ou décisive, il pria de décider, d’abord, cette matière, étant du sentiment qu’on devoit sans plus tarder permettre à la Province de Lithuanie de lire ses projets.

Horaim, nonce de Vilna, ayant alors pris la parole, fit connoître qu’à la vérité, le tems étoit bien court pour examiner les projets de Lithuanie, mais que, néanmoins, pourvu que les Provinces de Pologne fussent d’accord, qu’il se flatoit encore de voir terminer h[e]ureusement¹¹ ms. hureusement. les délibérations de la présente Diète.

Oskirko, nonce de Mozyr, demanda qu’on eût à statuer, en vertu des nouvelles Constitutions, que les sujets de l’un et de l’autre sexe, qui ont déserté de Lithuanie, pour se retirer en Pologne soient rendu sans autre forme de procédure.

Grabowski, nonce de Livonie, prit ensuite la parole pour protester qu’à l’égard de l’autorité de donner à la commission, on eut à la distinguer, c’est-à-dire que, pour l’établissement de cinq impôts, comme l’impôt sur la bière, celui sur l’eau de vie, la capi[fol. 87v]tation des Juifs, les hibernes et la quarte, on eut à lui donner autorité décisive, mais qu’à l’égard du Podymne ou impôt par fumée, de même que par rapport à la taxte des arpens, elle n’eût à n’agir que relativement à la prochaine Diète, ces deux impôts, ne devant être mis en usage qu’au cas que les cinq premiers ne puissent suffire à la paye des trouppes.

Cette proposition fut presque généralement goûtée. Les nonces aplaudissoi[en]t²² ms. aplaudissoit. tour à tour lorsqu’on vint annoncer au Marechal que les députés du Roi et du Sénat se disposoient à se rendre à la Chambre.

On vit, en effet, entrer l’évêque de Płock, Dębowski, le palatin de Podolie, Rzewuski, et le castellan de Smoleńsk, Nowosielski. Le Marechal les ayant reçu par un compliment fort court, les 3 sénateurs députés haranguèrent la Chambre, chacun à son tour, en les invitant de la part du Roi à se joindre au Sénat pour travailler conjointement à l’h[e]ureuse³³ ms. hureuse. conclusion des délibérations de la présente Diète.

Le Marechal de la Diète répondit, en peu de mots, qu’il avoit tout lieu d’espérer qu’on en viendroit à la conclusion si désirée et si nécessaire, et qu’il ne dépendoit pas de lui qu’on accélera la jonction de la Chambre avec le Sénat. Il remercia, en même tems, au nom de la Chambre, les sénateurs députés de la peine qu’il[s]⁴⁴ ms. il. venoient de se donner. Après qu’ils se furent retirés, le Ma[fol. 88r]rechal demanda si on s’étoit, en fin, déterminé sur l’authorité à donner à la commission afin de pouvoir commencer à lire les projets de la Province de Lithuanie.

Il y eut encore quelque débats sur cette première matière. Néanmoins, au bout des quelques heures, elle fut treminée. Le projet de l’établissement de la commission fut arrangé selon le sentiment du nonce de Livonie et tous les nonces de deux Provinces de Pologne l’ayant unanimement approuvée, le Marechal et les nonces député[s]⁵⁵ ms. deputeé. à l’arrangement des constitutions, le signèrent.

Il y eut, après cela, quelques pourparlers sur les douannes particulières, nommement celles de Brzesc et de Sendomir à abolir. Comme on ne pouvoit convenir sur ce sujet, et qui se faisoit tard, le Marechal fit surseoir cette matière et voulut faire lire les projets de la province de Lith., sur quoi le nonce de Mozyr, interposat, d’abord, qu’on eût à admettre, avant tous les autres projets, celui qui fait metion de l’extradition des sujets fugitifs de Lithuanie et qui se sont retirés en Pologne.

Les nonces de Pologne s’y opposèrent vivement et les débats sur cette nouvelle difficulté durèrent encore, lorsqu’il commença à faire nuit.

Comme on ne se voyoit pas, et que, les désordres augmentant, on ne distinguoit plus ceux qui parl[aient]⁶⁶ ms. parles. pour ou contre, l’un des nonces de Lithuanie demanda qu’on eût à donner de la lumière. [fol. 88v] Toute la Chambre se récria contre cette proposition comme étant prohibée par les loix, et la plus grande partie des nonces pria, au contraire, le Marechal de congédier l’Assemblée puisque le tems destiné pour la tenue de la Diète étoit expiré.

Le Marechal, voyant qu’il ne restoit plus aucun moyen pour concilier les esprits, et les forces lui ayant manqué⁷⁷ ms. manquées. par les grandes fatigues qu’il avoit eu pendant cette pénible journée, s’y conformat à la fin et congédia l’Assemblée après avoir fait un fort beau discours dans lequel il exprima, avec beaucoup de zèle, le regret sur la perte d’un tems si considérable, en parlant de celui qui seroit l’auteur d’une si mauvaise réussite de la Diète. Il fit des imprécations contre lui, par ce verset latin : Stet in agone Diabolus a dextris ejus⁸⁸ cf. Psaume 108,6.. Après avoir prononcé ses derniers mots, il se retira de la Chambre.

C’est ainsi que l’on vit écouler, dans un moment, les six semaines des traveaux de cette quatrième Diète. Le seul fruit qu’on en retiroit, cette fois, consistoit dans les projets qui venoient d’être arrangés et qui faciliteront les mesures ultérieures à prendre, à cet égard, aux prochaines Diètes.

[...]⁹⁹ Signature (?) ou d’autres informations occupant la dernière difficilement lisibles.

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