[fol. 13r] Jeudi, le 13 d’octobre 1746

10 Session

Quoique le Marechal de la Diète se fût rendu de bonne heure à la Chambre, néantmoins les nonces de Cracovie et de Posnanie ne s’y trouvant pas, il ne fit l’ouverture de la session que sur les deux heures après midi, en conjurant les nonces à faire une fin de dissensions qui depuis tant de jours subsistoient avec une opiniâtreté dont on n’avoit point d’exemple dans la Chambre, en leur faisant entrevoir, avec beaucoup d’éloquence, les funestes conséquences qui en resultoient. Wolski, nonce de Checin, prit ensuite la parole et pria le Marechal de ne plus permettre qu’on parlât soit en usant des voix active ou passive, appréhendant – disoit-il – que les altercations qui surviendroient derechef entre les nonces de Posnanie et de Cracovie, ne fassent naître des nouveaux débats dont, en ce cas, on ne verroit jamais la fin.

Ce sentiment fut généralement applaudi. Grabowski, nonce de Rawa, saisit néantmoins le moment pour réitérer sa demande au sujet des charges du pays que possèdent les étrangers, assurant que, s’il n’étoit satisfait à cet égard, qu’il protestoit contre tout ce qui se feroit.

[fol. 13v] Wolski, nonce de Siradie, s’écria que c’étoit faire violence au droit qu’un chacun avoit de dire son sentiment, que d’interdire la voix aux nonces. Il s’en prit de ce désordre à ceux de Cracovie et demanda d’eux qu’ils eussent à déclarer qu’ils en rapporteroient, quant¹¹ Lire quant. à leur prétension, à la décision du Primat de Royaume et à celle des Palatinats de Posnanie et de Cracovie. Il ajouta qu’au défaut de cette déclaration, de la part des nonces de Cracovie, il arrêteroit l’activité de la Diète et se retiroit.

Quelques moments après son discours, il prit le parti de sortir de la Chambre. Les amis l’ayant alors arresté²² ms. arrestes., il revint, mais ce ne fut que pour assurer que rien ne seroit capable de le faire changer de dessein, si, dès l’instant même, les nonces de Posnanie et de Cracovie ne promettoient solennement de s’accommoder par l’entremise des grands du Royaume.

Małachowski, nonce de Zator, engagea alors sa parole pour les nonces de Cracovie, qu’ils se prêteroient aux propositions qu’on auroit à leur faire, mais que [fol. 14r] ne pouvant être traité[s]³³ ms. traiter. de cette affaire dans la Chambre, qu’il étoit du sentiment qu’on limitât, au moment même, la session.

En conséquence de cette promesse si autentiquement faite, le Marechal limita la session au lendemain matin, à 8 heures, en priant les nonces à se rendre de bonne heure à la Chambre, étant fortement persuadé qu’on se rendroit d’abord au Sénat pour y être admis à baiser la main au Roi.

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