11 session
[fol. 15r] Vendredi, le 14 d’8bre 1746
11 Session
Le Marechal de la Diète, en faisant l’ouverture de la session, invita les nonces à se rendre au Sénat, selon qu’on en étoit convenu à la limitation de la session d’hier.
Toute l’Assemblée y ayant consenti, Lasocki, nonce de Gostyn, prit la parole pour faire remarquer que Walewski, nonce de Sieradie, qui avoit arrêté hier l’activité de la Chambre, ne s’y trouvoit pas, sur quoi Działynski, nonce de Posnanie, répliqua que le nonce de Sieradie n’avoit arrêté l’activité de la Chambre qu’en autant que dureroient les différends entre les Palatinats de Cracovie et de Posnanie, mais que cette affaire étant heure[u]sement11 ms. heurusement.
terminée, il ne restoit plus d’obstacle qui empêchât la jonction de la Chambre avec le Sénat.
Le nonce de Sieradie, étant survenu lui-même sur ces entrefaits déclara qu’en qualité de nonce, il n’étoit de son devoir d’accélérer les délibérations de la Diète qu’en conséquence il n’avoit arrêté l’activité à la session d’hier que dans le dessein d’obliger les nonces de Posnanie et de Cracovie à terminer leurs différends, ce qui étant fait, il ne restoit plus qu’à se rendre au Sénat. Le Marechal témoigna alors en peu de paroles combien il lui étoit sensible de voir enfin les esprits réunis, et pria derechef les nonces de se rendre au Sénat.
Lasocki, nonce de Gostyn, apès avoir remercié le Marechal des peines qu’il s’étoit donné pour faire parvenir [fol. 15v] les choses au point où elles étoient, lui fit souvenir de la demande du nonce de Rava, ne doutant point – disoit-il – que le Marechal, avant qu’on ne soit admis à baiser la main au Roi, ne demandat à S. M. qu’il lui plaise conférer la direction générale des postes à un nationaliste polonois.
Granowski, nonce de Rava, réitéra en même tems qu’il n’admetroit aucune matère avant qu’on n’eût obtenu déclaration de S. M. que la direction des postes seroit conférée à un gentilhomme né Polonais. Il prouva par les Constitutions de l’an 1626 comme quoi le directeur des postes étoit tenu de rendre compte du revenu d’icelles au Grand Trésorier de la Couronne, en ajoutant que ces-mêmes revenus fourniroient les moiens pour lever un régiment. La plupart des nonces lui répliquèrent qu’en argumentant ainsy, il alloit gâter les affaires de celui qui succéderoit au Directeur moderne des postes.
Le Marechal assura, cependant, qu’il en feroit rapport au Roi, ne doutant point que S. M. par un effet de son équité n’eût égard aux représentations qui sur ce sujet lui seroient faites.
Le nonce de Rava persistant néa[n]moins22 ms. neamoins.
toujours dans ce qu’il avoit proposé, en déclarant qu’il ne feroit [fol. 16r] pas un pas avant que cette affaire ne soit accommodée.
Le prince Czartoryski, Grand Veneur de la Couronne et nonce de Sandomir, témoigna qu’en vertu de son instruction, il avoit aussi plusieurs matières à proposer, mais qu’il se réservoit d’en parler en tems et lieu, et qu’il prioit, en attendant, le nonce de Rava de suivre son exemple. Ce discours fit l’impression sur l’esprit du surdit nonce de Rava, qu’il ne s’opposa plus à la jonction avec le Sénat.
Les nonces se levèrent alors de leurs places et passèrent au Sénat où ils trouvèrent le Roi déjà placé sur le trône. Dès qu’on fut arrangé, le Marechal de la Diète ayant obtenu la permission de là parler, fit un beau discours par lequel il remercia le Roi, avec beaucoup d’emphase, des soins paternels avec lesquels il prenoit à cœur les intérêts d’un état qu’il taxoit, heureux d’être gouverné par un prince aussi magnanime que vert[u]eux33 ms. verteux.
et dont la piété exemplaire aussi bien que celle [de]44 ms. do.
son auguste famille attireroit la bénédiction divine sur son Royaume. Le Grand Cancellier de la Couronne répondit à ce discours en peu de mots pour signifier aux nonces que S. M. les admetoit55 ms. admetoits
gratieusement à lui baiser la main, [fol. 16v] sur quoi le Secrétaire de la Diète appella les Palatinats, chacun à son tour, en nommant celui de Posnanie le premier. On répliqua que les nonces de Cracovie ne s’y trouvèrent point pour ne point porter atteinte à la préséance qu’ils croioient leur être due et dont ils renvoioient la décision à un autre tems. Tous les nonces ayant, selon [leur]66 ms. seur.
rang, été admis à baiser la main au Roi, le Grand Chancellier limita, après cette cérémonie, la session au lendemain matin, à 9 heures.
